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« J’ai grandi dans une famille modeste, athée et très politisée. Ce chemin vers la spiritualité n’était donc pas du tout une évidence »

La première fois que j’ai eu une expérience spirituelle, j’avais 28 ans. Je venais de vivre un petit accident avec la voiture du travail, qui a glissé sur la neige, et s’est retrouvée au bord d’un ravin. A cette époque, je vivais une période professionnelle stressante et intense, j’étais animatrice nature dans une association dans l’Hérault qui proposait aux enfants et à leurs instituteurs de sortir de leur classe pour aller à la rencontre du vivant.
Mais j’occupais le poste de trois personnes et ma charge de travail était trop importante. Ce ravin, c’était aussi un symbole de mon quotidien. Après mon accident de voiture, je suis rentrée chez moi sonnée. Et la première chose que j’ai faite, sans savoir pourquoi, c’est de taper dans Google « chamanisme ».
J’ai vu qu’un festival du chamanisme se tenait en Dordogne et j’ai décidé de m’y rendre, je me sentais attirée. Là-bas, j’ai participé à des voyages chamaniques au tambour auxquels j’ai été très réceptive. Nous étions un groupe de plusieurs personnes guidées dans ce voyage par une chamane québécoise. Pour la première fois de ma vie, j’ai eu des interactions avec le monde des esprits. J’étais dans un état de conscience modifié, comme un rêve éveillé. Lors de mon premier voyage, j’ai vu le monde du bas et le monde du haut. Une première porte spirituelle venait de s’ouvrir.
J’ai grandi dans une famille modeste, athée et très politisée. Ce chemin vers la spiritualité n’était donc pas du tout une évidence. Ma famille est de gauche, mon grand-père se disait même anarchiste. Nous ne sommes jamais allés à la messe et j’ai toujours entendu mon père dire de la religion « que tout ça c’étaient des conneries ». Quand il était enfant, un prêtre lui avait expliqué que son père était mort parce que Dieu avait besoin de lui à ses côtés. Voyant sa mère seule avec cinq enfants, il avait jugé que tout cela n’avait aucun sens. Petite, j’avais déjà des questions existentielles, mais elles sont restées sans réponses.
J’ai été la première de ma famille à faire des études, jusqu’à soutenir une thèse de doctorat en biologie-écologie. Pendant mes études, j’ai pris conscience de la crise écologique et des courbes d’extinction des espèces. J’ai ressenti un désespoir et une grande anxiété quand j’ai compris qu’on était en train de tout détruire. Après des années à documenter la catastrophe, la recherche m’est apparue comme un débouché un peu froid et dans sa tour d’ivoire. En décalage avec mes aspirations.
Alors après ma soutenance, j’ai voulu faire du journalisme et j’ai travaillé pour Fakir (journal créé par François Ruffin en 1999) à Amiens. C’est après cette expérience que je me suis reconvertie pour travailler dans l’éducation à la nature pour les enfants. Je voulais reconnecter les humains à la nature. Pendant un an et demi, j’ai adoré faire découvrir aux enfants et à leurs enseignants des histoires sur les plantes, les arbres, les animaux.
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